Drame de Ciboure : une seule victime identifiée

Un accident mortel s'est produit le mardi 12 octobre au matin sur la voie ferrée qui relie Ciboure à Saint-Jean-de-Luz. Heurtées par un TER, trois personnes, qui se trouvaient sur la voie, ont été tuées. Une quatrième, gravement blessée, a été transportée au Centre hospitalier de la Côte Basque.

Gara, Iurre Bidegain et Claire Jomier , 12-10-2021

Il était 4h59 le mardi 12 octobre lorsqu’un accident mortel s’est produit à Ciboure sur la voie ferrée, à proximité de la gare de Saint-Jean-de-Luz. Trois personnes, sans doute des migrants, qui se trouvaient sur les rails, ont été percutées par le TER en provenance d’Hendaye. Une quatrième, gravement blessée, a été transportée au Centre hospitalier de la Côte Basque. Dans l’après-midi, son pronostic vital n’était plus engagé.

Le procureur de la République de Bayonne, Jérôme Bourrier, confirme que trois personnes sont mortes sur la section de chemin de fer entre Ciboure et de Saint-Jean-de-Luz. Qualifiant l’accident ferroviaire de « drame humain », en fin d’après-midi du mardi 12 octobre, il a informé que le TER Hendaye-Bordeaux a percuté quatre personnes sur les voies de circulation « en un point démuni de tout éclairage public ». Selon lui, il n’est pas inhabituel que des personnes circulent sur les voies mais lors de l’accident, les victimes étaient étendues au sol : « Il n’y a pas de circulation de trains pendant la nuit. Ce train est le premier de la matinée, on peut donc penser que ces personnes se reposaient ou dormaient sur la voie ».

Le procureur précise que les trois hommes sont immédiatement décédés suite à l’impact avec la locomotive. « Le pronostic vital de la quatrième personne n’est plus engagé. Dès que la victime hospitalisée sera audible, elle pourra certainement apporter des précisions sur les circonstances de l’accident ».

Identification compliquée

La présence de ces hommes à Ciboure reste pour l’instant inexpliquée. On ignore s’ils arrivaient directement de la frontière. « Le travail d’identification est compliqué de par la scène de l’accident et aussi parce qu’il porte sur des personnes qui cherchaient à pénétrer irrégulièrement sur le territoire national, et les éléments dont nous disposons aujourd’hui sont à prendre avec beaucoup de prudence, souligne Jérôme Bourrier. Une seule personne mortellement blessée est à cette heure identifiée de manière certaine ».

L’ensemble des victimes serait de nationalité algérienne et trois d’entre elles auraient fait l’objet d’une procédure au titre de l’irrégularité de leur séjour sur le territoire espagnol. « Un individu avait été condamné par le tribunal de Bayonne et conduit à la prison de Mont-de-Marsan, avant d’être libéré et reconduit à la frontière le jour-même ». Le procureur de Bayonne ajoute que l’identification des victimes est rendue compliquée par la présence de documents permettant de donner cinq identités… à quatre victimes.

Impact inévitable

Selon Peio Dufau, adjoint à la mairie de Ciboure et agent SNCF, le conducteur du TER n’aurait pas vu les hommes allongés sur les voies. Quand il a déclenché le freinage d’urgence, c’était trop tard. Les quatre hommes auraient tenté de se relever à l’approche du train, qui les a heurtés. Le conducteur et les contrôleurs se seraient ensuite précipités pour venir en aide au seul survivant, blessé aux jambes.

Le procureur indique que le TER circulait à 92 km/h. Il confirme que le conducteur aurait aperçu des personnes allongées sur les voies à la dernière minute et entamé une manœuvre d’urgence, qui n’a pas permis d’éviter les victimes. Le train s’est arrêté après avoir parcouru 310 mètres. « L’impact était inévitable » conclut-il. Il précise enfin que les bandes graphiques, qui correspondent à la boîte noire du train, sont en cours d’exploitation et que les corps des victimes sont examinés à l’institut médico-légal de Bordeaux.

Un rassemblement le mercredi 13 octobre

« C’est un nouveau drame sur la voie de l’immigration », déplore Amaia Fontang, membre de Solidarité-Migrants-Etorkinekin. Le collectif rappelle qu’il dénonce depuis longtemps la situation des personnes migrantes sur les territoires du Pays Basque Nord et du Sud des Landes.

Selon Etorkinekin, les migrants sont « persécutés à la frontière entre le Pays Basque Sud et le Pays Basque Nord, au moins jusqu’à leur arrivée au centre d’accueil Pausa de Bayonne » qui les prend en charge. Le collectif demande à ce que les migrants soient « en sécurité » et estime qu’il appartient aux pouvoirs publics de parvenir à un accord afin que ces personnes ne vivent plus de drames ».

Le maire de Ciboure déclare à ce sujet ne pas savoir comment les communes traversées par les personnes migrantes entre la frontière et le centre Pausa de Bayonne pourraient sécuriser leur circulation : « On peut toujours faire quelque chose, mais le cadre administratif est très contraignant. Je ne sais pas par quel bout prendre ce problème-là. »

Le collectif Etorkinekin pense qu’il est « indispensable qu’une réponse immédiate à ce drame soit citoyenne ». A l’appel des associations locales, dont Elkartasuna Larrun, un rassemblement aura lieu le mercredi 13 octobre à 18h30 à la gare de Saint-Jean-de-Luz « pour alerter, protester, s’indigner et partager la colère et la peine ».

Six migrants ont perdu la vie au Pays Basque ces derniers mois. Parmi eux, deux se sont noyés dans la Bidassoa en tentant de traverser le fleuve frontière à la nage. Un autre encore s’est suicidé.

La SNCF fait état d’un trafic perturbé après l’accident mortel. Une seule voie de circulation avait été rouverte en milieu de journée.

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